Parents Toxiques Parents Symboliques - Patricia POIRIER - 2005

Publié le 10 Avril 2012

LE SYSTEME FAMILIAL

 

Nous sommes tous issus d’une famille, c’est-à-dire un groupe de personnes liées entre elles ; chacune d’entre elle ayant sur les autres une influence profonde, parfois de façon occulte.

 

C’est un réseau complexe d’amour, de jalousie, de fierté, d’angoisse, de joie, de culpabilité. On y trouve toute la gamme des émotions humaines. Celles-ci transparaissent dans les attitudes, les perceptions, les relations familiales.

 

Dans les années 50, un groupe de chercheurs intitulé « l’Ecole de Palo Alto » (Palo Alto étant le nom d’une petite ville de Californie) appréhende cette communication interpersonnelle comme un « système » qui fonctionne selon le principe « d’homéostasie ».

Ainsi, est développée la thérapie systémique, utilisée, entre autre, dans le champ des thérapies familiales.

En émettant l’hypothèse que tout trouble peut-être ramené à une perturbation dans les communications interpersonnelles, cela entraîne un certain nombre d’autres principes :

 

- primat de l’interaction sur la perspective individuelle et intrapsychique ; autrement dit : un individu, étant toujours en communication avec d’autres (les membres de sa famille, notamment), ce n’est pas lui qui est « malade » mais le système de communication dans lequel il est inséré.

 

- le « comment » prime sur le « pourquoi » : pour obtenir un changement, il est plus utile de comprendre ce qui actuellement, entretient les troubles

 

- un petit changement peut entraîner une modification du système entier

 

Du point de vue thérapeutique, la démarche va être de prendre en compte un individu, à partir du problème qu’il apporte mais pris dans son contexte relationnel.

 

C’est dans ce système familial que chacun de nous faisons l’acquisition d’une façon de vivre.

Si l’on veut commencer à donner un peu de sens à la confusion et au chaos d’un système familial toxique, il faut d’abord considérer les « croyances familiales ».

 

LES CROYANCES FAMILIALES

 

Ces croyances sont d’une force étonnante et déterminent nos perceptions, nos jugements, nos attitudes. Elles peuvent agir comme des vérités absolues.

La PNL parle de « vision du monde ». En effet, nos premières références sont celles acquises dans le système familial, et de là, nous avons pris des décisions multiples.

C’est comme si nous avions des lunettes pour voir le monde ; seulement voilà, parfois les lunettes sont largement déformées.

 

Certaines croyances sont positives dans l’éducation et donnent à l’enfant des bases solides pour acquérir autonomie et responsabilité personnelle.

 

Par exemple :

« Les enfants ont le droit de ne pas être d’accord »

« Les enfants devraient se sentir libres de commettre des erreurs ; source de tout apprentissage »

« On ne doit pas délibérément faire du mal à son enfant »

 

Les parents sont alors suffisamment mûrs et attentionnés.

 

Les croyances des parents toxiques, en ce qui concerne les enfants, sont au contraire presque toujours égocentriques et intéressées. Ils s’opposent à toute réalité extérieure remettant en cause leurs opinions. Il n’y a que deux façons de voir les choses « comme moi ou mal ».

Ces opinions sont souvent déguisées en conseils : « Tu devrais », « Il faudrait », « Il vaut mieux »…

 

Les règles sont les manifestations de ces croyances. Elles entraînent la contrainte ; ce sont les simples : « Fais et ne fais pas ».

Par exemple : « Les gens doivent se marier uniquement avec quelqu’un ayant la même religion   va donner naissance à des règles comme :

« Ne fréquente personne d’une autre religion ».

 

Il y a des croyances et des règles clairement exprimées qui peuvent au moins être plus facilement changées à l’âge adulte.

Mais d’autres sont plus tacites et exigent une obéissance aveugle. Elles existent au niveau de l’inconscient comme des croyances implicites d’après lesquels le père traitait la mère ou bien l’un ou l’autre traitait l’enfant (punitions, retrait d’Amour…).

C’est ainsi qu’un enfant peut avoir appris à être un pantin, naturellement.

 

Ces croyances familiales sont le squelette de notre perception intellectuelle du monde.

Nos sentiments et comportements en constituent la chair ; le squelette leur donne forme

Tout peut être tordu, en résultat final.

 

 

QU’EST-CE QUE DES PARENTS TOXIQUES ?

 

Aucune école pour devenir parent et il est vrai que chaque parent est amené à faire des erreurs d’éducation, à user parfois de trop d’autorité.

 

Mais le mot « toxiques » est employé pour décrire des parents qui font subir à longueur de temps traumatismes, abus, critiques de toutes sortes à leurs enfants et qui, la plupart du temps, continuent à se comporter ainsi même après que les enfants soient devenus des adultes.

Cela peut-être aussi de mauvais conseils ou des dévalorisations sans cesse répétés, camouflés sous une apparente sagesse.

 

Il faut rappeler que lorsque nous sommes très jeunes, nos parents sont comme des dieux, ils représentent tout pour nous. Chacun porte en soi le mythe des parents parfaits.

Cette image de toute-puissance nous permet de nous sentir en sécurité.

 

Mais, très tôt, au cours de la 2ème et 3ème année de notre vie, nous commençons à revendiquer notre indépendance. Nous résistons à l’apprentissage de la propreté et nous rebellons.

C’est au cours de l’adolescence et la puberté que ce processus de séparation est à son point culminant : étape normale d’un développement sain.

 

Les parents toxiques prennent souvent ces différences individuelles comme des attaques personnelles et se défendent en renforçant l’incapacité et la dépendance de leurs enfants.

 

De plus, notre culture et nos religions sont presque unanimes à soutenir l’omnipotence de l’autorité parentale. L’enfant est à la merci de ses parents-dieux.

 

La conséquence est qu’au plus profond de chaque adulte qui a été autrefois victime de mauvais traitements, se cache un petit enfant terrifié et impuissant.

Ces enfants se sentent coupables des abus de leurs parents et à l’âge adulte, ils continuent à ployer sous le fardeau de la culpabilité et de l’incompétence, ce qui leur cause de grandes difficultés pour élaborer une image positive d’eux-mêmes.

Fondamentalement, il reste des cicatrices dans ces foyers ou règnent le chaos, l’instabilité, la privation d’enfance.

De plus, si étrange que cela puisse paraître, beaucoup d’individus continuent à être dominés par leurs parents, même après la mort de ceux-ci.

 

A – Parents déficients ou démissionnaires

 

On parle aussi de parents « voleurs d’enfance » ; pour la plupart, ils souffrent de véritables problèmes, instabilité émotionnelle ou désordre mental. Ils ne peuvent souvent pas répondre aux besoins de leurs enfants, étant eux-même en trop grand besoin et parfois ils l’exigent même.

Les rôles familiaux deviennent flous, déformés, inversés et on a affaire à de véritables problèmes de frontières entre chacun, non structurants.

Qui est le modèle ? Est-ce que l’enfant sait ce que veut dire s’amuser ?

Ces enfants qui ont été forcés de changer de rôle, sur le plan émotionnel, conservent,dans leur vie adulte, un énorme sentiment de culpabilité et un sens des responsabilités excessif.

On parle de personnalité co-dépendante.

Dans les divorces également, un parent parfois démissionne littéralement de son rôle de parent et provoque un sentiment immense de vide et de manque

 

Ces parents, eux-mêmes perturbés, suscitent de la pitié et leur incompétence est de ce fait plus difficile à définir et à accepter.

C’est plutôt, ce qu’ils ne font pas, qui causent préjudice que ce qu’ils font.

 

B – Parents dominateurs

 

Les enfants que l’on n’encourage pas à agir, à essayer, à explorer, à maîtriser un comportement et à risquer l’échec se sentent souvent faibles et incapables.

Abusivement contrôlés par des parents craintifs et anxieux, ces enfants le deviennent souvent eux-mêmes. A cause de cela, ils ont des difficultés à mûrir et ils ne peuvent se passer des conseils et du contrôle de leurs parents. Ceux –ci continuent à envahir leur vie, à la manipuler et souvent à la dominer.

 

Ces parents ont une crainte malsaine du « syndrome du nid vide ».

Ce qui rend si insidieux ce parent dominateur, c’est que son contrôle s’exerce sous le masque du souci ; « Je ne fais cela que pour toi » ; « C’est pour ton bien »

Ces parents là sont en fait égocentriques et une de leur tactique peut-être le retrait de leur affection. L’argent, ayant toujours été le langage premier du pouvoir, en fait logiquement un outil à leur service.

Certains utilisent le contrôle direct ; d’autres sont plus manipulateurs car ils n’expriment pas ouvertement leurs désirs.

Une des formes de manipulation est celle du « Bon Samaritain » ; aspect d’une assistance pleine de bonnes intentions.

Deux réactions possibles : capituler ou se révolter ; mais même le besoin de révolte peut n’être qu’une illusion qui domine en fait la liberté de choix : une révolte auto-destructrice, qui n’est en fait que le revers de la capitulation.

 

Là aussi, la mort du parent dominateur, ne libère pas forcément ; en réalité, le cordon ombilical psychologique traverse non seulement les continents mais aussi la pierre tombale.

Les conséquences sont une identité trop confuse. Comment distinguer ses besoins de ceux de ces parents ; là aussi, sentiment d’impuissance.

 

C – Les parents alcooliques

 

L’alcoolisme d’un parent est souvent comme un secret de famille ; négation par l’alcoolique lui-même, négation du problème par le conjoint et souvent les autres membres de la famille, comédie de la « famille normale ».

Cette comédie cause à l’enfant des dommages spécialement importants. Il se doit de nier la validité de ses propres sentiments et de son propre jugement. Son sentiment de culpabilité le pousse à se demander si les gens le croient. Il doit être sans cesse sur ses gardes.

Pour empêcher cela, il évite souvent de se faire des amis, et devient solitaire.

 

Il se sent souvent invisible et l’inversion des rôles est fréquent, où il est « adultisé »

Il peut-être enfant copain, enfant abusé, « héros de la famille ».

Très fréquemment, ils reçoivent comme une hérédité, un caractère emporté, dépressif, incapable de joie, soupçonneux avec une grande difficulté à l’intimité associé à un sens des responsabilités surdéveloppé. Jalousie, domination, méfiance caractérisent souvent les relations de beaucoup d’enfants d’alcooliques.

 

D – Parents violents

 

La violence peut s’exprimer de différentes manières ; qu’elle soit verbale, corporelle ou d’ordre sexuel, elle laisse toujours des marques intériorisées.

 

Verbalement, on a affaire aux insultes, humiliations, aux commentaires dégradants et parfois de manière moins direct aux railleries, sarcasmes, à des remarques subtilement dévalorisantes cachées sous le masque de l’humour.

« Il sait bien que je plaisante, dit-il, comme si la victime de ses attaques était de son côté.

Un jeune enfant est incapable de faire la différence entre la vérité et une plaisanterie, une menace et une taquinerie.

 

Le pouvoir des mots cruels peut rendre l’autre fou. C’est une attaque constante à l’image de soi.

Les plaisanteries font souvent penser à l’autre qu’il est faible puisqu’il ne les supporte pas.

« Je ne dis cela que pour ton bien » permettent souvent de justifier les remarques cruelles et blessantes.

On trouve aussi des raisonnements du style : « Le monde est sans pitié et nous t’apprendrons à l’affronter ». Beaucoup d’abus portent le masque de l’éducation.

 

L’adolescence est une période particulièrement menaçante pour un parent peu assuré.

Les femmes ont peur de devenir vieilles et de perdre leur beauté. Elles peuvent voir en leur fille une rivale et éprouvent le besoin de la dénigrer, surtout en présence de leur mari.

Les hommes peuvent ressentir une menace peser sur leur virilité et leur autorité.

Et la rivalité commence parfois de manière très agressive.

 

On trouve aussi les parents perfectionnistes qui ont d’irréalisables ambitions de perfection pour les enfants et qui constituent une source d’attaques verbales graves.

 

Autre forme de violences : les sévices corporels

 

Chacun connaît le fameux dicton : »Qui aime bien châtie bien »

La violence physique envers un enfant est souvent une réaction au stress professionnel, à un conflit avec un autre membre de la famille ou avec un ami, ou une tension générale due à une existence frustrante. Les enfants sont des cibles faciles qui vont absorber cette colère et la transporter avec eux jusqu’à l’âge adulte.

 

Les recherches montrent que les coups n’ont qu’un effet dissuasif temporaire et qu’ils créent chez l’enfant de forts sentiments de rage, des rêves de vengeance, et de haine de soi.

Le pire est qu’ils acceptent d’être tenus pour coupables des crimes perpétrés à leur égard, tout comme les enfants brutalisés verbalement ; sont mêlés mauvais traitement et amour.

Il se produit une fusion parent/enfant incroyablement forte et perverse.

L’enfant va passer son enfance à chercher cet amour parental ; quête qui se poursuit à l’âge adulte.

 

Enfin les violences et abus sexuels sont la trahison suprême ; C’est sans doute l’expérience humaine la plus cruelle, la plus perverse. C’est la trahison de la confiance la plus élémentaire entre enfant et parent.

Les protecteurs se sont mués en persécuteurs.

 

L’inceste a une définition légale qui parle de rapport sexuel entre parents du même sang mais une définition psychologique beaucoup plus large.

Ainsi, on y inclut un certain nombre de comportements et d’attitudes comme les contacts physiques avec la bouche, les seins, les parties génitales, l’anus d’un enfant ou toute autre partie du corps effectués dans le but de provoquer l’excitation sexuelle de l’adulte.

L’exhibitionnisme, la masturbation en présence de l’enfant ou le fait de persuader l’enfant de poser pour des photographies suggestives sont autant de formes d’inceste.

 

Il y a aussi nombre de comportements plus subtils que l’on appelle inceste psychologique : épier un enfant qui s’habille, faire avec insistance des remarques sexuellement explicites à un enfant…

Il faut savoir que l’agresseur typique peut être n’importe qui et la majorité des crimes sexuels commis contre des enfants sont perpétrés par des membres de la famille apparemment dignes de confiance mais ce sont souvent des familles où chacun souffre d’une grande solitude affective, où règnent la dissimulation, l’insatisfaction, le stress et le manque de respect.

Ces enfants gardent le silence parce qu’ils craignent de désunir la famille. L’inceste est terrifiant mais l’idée d’être responsable de la destruction de la famille est encore pire.

En plus du sentiment de faute, on a là le sentiment de honte et si la victime ressent le moindre plaisir durant l’inceste, sa honte en est d’autant plus grande.

 

Susan Forward dans son livre « Parents toxiques » parle des 3 D de l’inceste : le sentiment d’être Dégoutant, Détruit et Différent. Elle parle de cancer psychologique.

Elle choque beaucoup d’entre nous quand elle dit que la victime d’inceste est le membre le plus sain de leur famille. Elle manifeste, en effet, maints troubles : culpabilité, dépression, problèmes sexuels, tentatives de suicide… alors que le restant de la famille présente souvent une apparence de santé.

Mais c’est elle qui a, la vision la plus claire de la vérité. Elle a été obligée de se sacrifier pour dissimuler la folie et le stress du système familial.

 

 

4) Comment SE LIBERER de ses parents toxiques ou RETROUVER LE CONTROLE DE SA VIE ?

 

a) Tout d’abord attention au piège du pardon.

 

Non, le pardon, n’est pas la première étape vers la guérison. Pourquoi ?

Un des plus grands dangers du pardon, c’est qu’il diminue votre capacité à laisser aller vos émotions refoulées.

La vengeance, quant à elle, est une réaction très normale mais négative. Elle vous enferme dans des rêveries obsessionnelles où la satisfaction ne provient que des coups rendus.

Elle crée beaucoup de frustrations et de tristesse.

Le pardon, il vaut mieux le faire à la fin et non au commencement du remaniement émotionnel de la psychothérapie.

Il faut remettre la responsabilité sur leurs épaules, ouvrir les vannes à sa colère, rage, tristesse ; alors là seulement le véritable pardon est possible.

 

b) Sortir de la fusion parents toxiques-enfants victimes en question

 

Dans une famille saine, une certaine dose de fusion est bénéfique. Cela aide à créer des sentiments d’appartenance, de communion familiale.

Dans les familles toxiques, elle dépasse complètement les justes limites. Il reste même à l’âge adulte, un fort besoin de l’approbation parentale. On peut avoir quitté physiquement ses parents mais pas émotionnellement.

Ainsi, ils peuvent continuer à être destructeurs.

 

En comprenant les convictions familiales et les sentiments douloureux qui sont encore à l’œuvre à l’intérieur (schéma destructeur interne), il est possible de s’en libérer et retrouver son libre arbitre.

Voici une liste de ces types de convictions :

 

C’est à moi de rendre mes parents heureux

C’est à moi de rendre mes parents fiers

Je suis tout pour mes parents

Mes parents ne pourraient pas survivre sans moi

Je ne pourrai pas survivre sans mes parents

Si je disais la vérité à mes parents à propos de mon divorce (mon avortement, mon homosexualité, mon athéisme….) ça les tuerait.

Si je tenais tête à mes parents, je les perdrai pour toujours

Si je leur disais combien ils m’ont fait souffrir, ils me rayeraient de leurs existences

Je ne dois pas leur faire de la peine

Les sentiments de mes parents sont plus importants que les miens

Cà n’est pas la peine de leur parler parce que cela ne nous avancerait à rien

Si seulement mes parents changeaient, je me sentirais mieux dans ma peau

Il faut que je me rachète auprès d’eux pour ma méchanceté

Quoiqu’ils aient pu faire, je leur dois le respect…..

 

Les enfants carencés devenus adultes ont eux souvent des opinions de monde mauvais, de vie pleine de dangers ; ils se croient foncièrement mauvais, bête et incapables et ne veulent surtout pas prendre le risque d’une nouvelle relation qui ira forcément à l’échec.

 

Si difficile à accepter que ce soit, toutes ces opinions sont autodestructrices et dans une thérapie, on va s’atteler à les démasquer et les déraciner pour rééquilibrer le système familial interne.

 

 

DES PARENTS REELS AUX PARENTS SYMBOLIQUES

 

Droits des enfants et Devoirs des parents

 

Tout d’abord, un petit rappel est nécessaire sur les droits et devoirs fondamentaux.

 

Les enfants ont le droit d’être nourris, vêtus, abrités et protégés. Mais à côté de ces droits d’ordre matériel, ils ont aussi le droit d’être nourris sur le plan émotionnel, d’être respectés dans leurs sentiments et d’être traités de façon à pouvoir forger le sens de leur propre valeur.

Ils ont aussi le droit d’être guidés, encadrés sur leur »route de vie » de manière saine, sans brutalités physiques ou émotionnelles.

 

Enfin, ils ont droit à leur enfance : pouvoir jouer, être spontanés, irresponsables dans leurs premières années et tout au long de leur maturation, avoir droit à l’erreur.

 

Quant aux parents, comme jadis, ils ont toujours les mêmes devoirs, à savoir :

 

pourvoir aux biens matériels de base de leurs enfants

les protéger de tout dommage physique et tout dommage émotionnel

répondre aux besoins de leurs enfants en matière d’amour et d’attention

fournir à leurs enfants des directives d’ordre moral

 

Ces 5 responsabilités sont à la base d’une éducation compétente.

Les parents toxiques dont nous allons parler ne vont que rarement au-delà du premier point.

Pour la plupart, ils souffrent (ou ont souffert) de véritables problèmes et sont dans l’incapacité de répondre aux besoins de leurs enfants et comptent, dans de nombreux cas sur leurs enfants pour prendre soin de leurs besoins à eux.

 

Dans les cas les plus critiques, les enfants sont placés dans des institutions ou familles d’accueil qui seront des parents substitutifs.

 

Guérir de ses parents ou se reparentaliser

 

Les enfants absorbent les messages comme des éponges un liquide, tous les messages sans discriminations, qu’ils soient dits avec des mots ou non.

Tout ce qu’ils intègrent est transformé en vérité universelle et ancré profondément dans leurs esprits.

Les enfants, pris en charge par des parents symboliques, vont réapprendre d’autres références

où devront primer sécurité, cohérence et continuité.

 

Dans une thérapie AIRE, les premières séances en thérapie brève peuvent porter sur la prise de conscience de ces croyances héritées du système familial (voir exemples citées plus haut).

Enfant, nous ne sommes pas responsables de ce que l’on nous a fait alors que nous étions sans défense.

Mais à l’âge adulte, on est responsable des décisions positives que l’on peut prendre pour surmonter ces expériences ; démasquer les injonctions négatives, la colonisation du parent toxique en nous, importance de nouvelles visions du monde et de nouvelles décisions d’adulte.

Tous ces nouveaux pas constituent une démarche de thérapie.

 

On va s’occuper, de peu à peu rééquilibrer son système familial interne : Enfant, Adulte, Parent.

 

Tout d’abord, une bonne alliance thérapeutique, un transfert positif avec un thérapeute va pouvoir constituer une sécurité de base, un des éléments du cadre de la thérapie.

Ce « bon parent » symbolique, dans un premier temps, va pouvoir accompagner cette reconstruction de l’image parentale.

Sur lui, vont s’actualiser les émotions refoulées, des fragments de ce passé infantile.

C’est à lui, de dépister les scénarios répétitifs où la personne inconsciemment, tente de réparer les traumatismes de l’enfance.

C’est ainsi qu’une personne dure et agressive peut ne pas être du tout convaincue d’avoir besoin d’aide. Elle a simplement établi au fil de son histoire un lien psychologique entre amour et violence.

Grâce à l’anamnèse, il est possible de parler à l’Enfant en elle, qui souffrait d’un parent alcoolique, mais qui a appris à tolérer l’inacceptable.

 

C’est au fur et à mesure de l’avancée de la thérapie, que l’on va pouvoir se débarrasser des défenses. En effet, l’adulte élevé par des parents toxiques, a édifié un mur complexe de défenses psychologiques qui visent à faire taire l’angoisse, la douleur, la confusion, le chagrin jusqu’à de véritables sentiments de rage et de haine.

Un des plus courants est le déni de la réalité : « ça n’était pas si grave que ça » ; on parle aussi de dénégation. C’est un système de défense puissant que l’on peut comparer à un couvercle posé sur une cocotte-minute émotionnelle.

Tôt ou tard, la pression fait inévitablement sauter le couvercle et nous avons une crise émotionnelle ; crise qu’il sera toujours important de connoter positivement.

Les crises de l’existence ont peut-être ce rôle là à jouer pour chacun d’entre nous, comme des crises de maturation nécessaires.

 

Après 2 mois de thérapie avec Sylvie, Susan Forward dans son livre « Parents toxiques » cite un dialogue qui vise à contrecarrer ce déni :

« Je respecte le fait que vous aimez vos parents et que vous les croyez bons. Mais quelque part en vous, vous devez bien savoir, ou au moins pressentir, que des parents aimants n’agressent pas avec cet acharnement la dignité et l’amour propre de leur enfant……

Ne sentez-vous pas comme ils ont profondément blessé la jeune fille en vous ? Et comme c’était inutile ?

Dans son livre « Renouez avec son enfant intérieur » Margaret Paul indique précisément ce chemin qui vise à reconstruire la confiance et le lien entre parent et enfant interne ; pour cela, il s’agit de retrouver une authenticité complète de part et d’autre.

 

D’autres adultes se leurrent en utilisant un biais plus subtil, la rationalisation. Ils utilisent alors de « bonnes raisons » pour expliquer et éliminer les faits douloureux et gênants.

En voici quelques exemples :

« Mon père me criait après parce que ma mère ne cessait de le harceler »

« Ma mère buvait uniquement parce qu’elle était seule. J’aurai dû rester plus souvent à la maison avec elle »

« Ma mère ne faisait jamais attention à moi parce qu’elle était très malheureuse »

« Je ne peux pas en vouloir à mon père d’avoir abusé de moi ; ma mère refusait de coucher avec lui, et tous les hommes ont besoin de rapports sexuels »

 

Bien d’autres mécanismes de défense peuvent être à l’œuvre comme l’activisme, le déplacement des ressentiments sur un conjoint ou ses propres enfants…

 

Lorsque l’on devient adulte, cette aveugle loyauté familiale reste un élément dominateur, destructeur de sa vie.

Ainsi, à l’âge adulte, des enfants de parents perfectionnistes ont généralement choisi entre 2 voies : ou bien, ils s’épuisent sans relâche à gagner l’affection et l’approbation de leurs parents, ou ils sont révoltés au point de craindre le succès.

Ils restent empêtrés dans les « trois plus » : toujours plus (perfectionnisme), plus tard (remise au lendemain) et plus rien (paralysie).

Il n’est pas rare de constater une grande culpabilité quand ils parviennent à exceller dans un domaine. Plus ils réussissent, plus ils deviennent malheureux, ce qui les conduit parfois à saboter leur réussite.

 

A chaque séance, dans ce « lieu d’accueil bienveillant » qu’est la consultation thérapeutique, cette déculpabilisation va pouvoir s’opérer au rythme de chacun, dans le respect de son propre cheminement.

On va à la fois entendre l’Adulte qui veut avancer, guérir, mettre ses propres parents face à la réalité et en même temps, l’Enfant battu, effrayé, humilié qui a bien trop peur des conséquences et qui s’est caché derrière une armure.

 

C’est là qu’intervient toute la richesse du rêve-éveillé, outil symbolique qui va permettre en grande partie de décharger tout le transfert négatif à travers différentes images symboles.

Ainsi le parent « négatif » sera représenté par la sorcière, le dragon…..qui pourra peu à peu être approché, combattu et des rêves restaurateurs s’intercaleront, nous montrant peu à peu le dépassement de la situation.

 

L’inconscient a bonne mémoire nous dit Anne Ancelin Schutzenberger dans son livre « Ces enfants malades de leurs parents » et il existe une loyauté familiale invisible faite de non-dits, secrets, qui sont parfois portés par les enfants sous forme de symptômes.

Ainsi, dans son livre qu’elle écrit avec Ghislain Devroede, spécialiste des troubles digestifs, on peut voir, à travers leurs expériences, la fréquence des symptômes digestifs liés à des viols ou incestes vécus parfois dans la génération précédente.

Le corps de l’enfant pourrait être le langage de l’histoire de ses parents.

 

 

Le rêve éveillé peut nous donner accès à tout cet inconscient individuel et familial que nous portons en nous, traumatismes indicibles, deuils non faits.

Chacun, au travers de ces « aventures » imagées, peut laisser revenir peu à peu son histoire à la conscience, terminer symboliquement autrement ses propres blessures.

Un travail de perlaboration se fait ; le corps cicatrise comme l’âme.

Il est alors possible de « rendre » la maladie au passé, terminer le deuil de n’avoir pas eu des parents aimants et sains.

Se pourrait t-il d’ailleurs que le plus grand traumatisme pour un enfant soit d’avoir été conçu sans amour ?

 

Freud, dans ses notes de bas de page, dit qu’il faut traiter les traumas comme une symphonie dont les thèmes sont à reprendre et à travailler sur des registres divers jusqu’à l’expression finale, souvent en « bouquets » et dont la fin officielle est souvent loin d’être la guérison totale.

 

 

En conclusion, je me rallie entièrement en l’avis de Susan Forward qui écrit dans son introduction : 

« Je crois fermement en l’efficacité des thérapies de courte durée axées sur la modification des schémas de comportement destructifs. Mais j’ai appris par expérience que ce n’est pas suffisant de traiter les symptômes.

La thérapie atteint sa plus grande efficacité lorsqu’elle procède sur deux terrains, en modifiant le comportement actuel de dévalorisation et en déconnectant l’individu des traumatismes de son passé. »

 

Peut-être là seulement, peut-on parler de véritable pardon possible.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Parents toxiques 

Comment se libérer de leur emprise de Susan Forward (Edition Marabout - 2OO4)

 

Parents symboliques de Jean Cartry (Edition Dunod – 2004)

 

Ces enfants malades de leurs parents

Anne Ancelin Schützenberger et Ghislain Devroede (Edition Payot – 2003)

 

Renouez le dialogue avec votre enfant intérieur de Margaret Paul (Edition Souffle   d’Or)

Rédigé par Kilou

Publié dans #les enfants de manipulateurs

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Z
Bonjour,<br /> <br /> Les conseils, face à des parents toxiques, sont généralement de se détourner et de couper les ponts.<br /> Comment mettre cela en pratique une fois que l'on a eu des enfants, et lorsque ces parents, devenus grands-parents, instrumentalisent le droit des grands-parents à voir leurs petits-enfants?<br /> <br /> Merci
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B
Je crois que quand on met de l'énergie pour faire un site tel que celui ci, c'est qu'on est pas dans le détachement et que par conséquent une part non négligeable du système exposé est, au moins biaisée si ce n'est fausse; ou simpliste, ce qui revient au même.
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K
Je crois que l'experience de chacun doit servir à autrui sans quoi tout est vain, tous les articles viennent du net, rien est personnel, ici le but est de signaler, interpeler et non pas de faire un débat. La manipulateurs ont leurs raisons d'être comme ils sont et c'est expliqué dans d'autres articles.
M
ne vous seriez pas quelque peu reconnu dans les multiples exemples de PN....D'où l'absurdité de votre commentaire. Et votre présence sur un site qui,selon votre unique écrit,ne vous concerne personnellement en rien.
N
<br /> vous devriez mettre le livre de caroline bréhat 'j ai aimé un manipulateur" dans vos références, enquête psychologique poussée et poignante<br />
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K
<br /> <br /> Le titre est en place depuis la sortie du livre.<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> Bonjour,il n'y aurait que vous pour me croire (des professionnels);cela c'est passé il y a 2ans ,mon compagnon de 35ans de vie commune , est décédé, victime de sa mère et sa soeur pn.Mais je<br /> ne savais pas ....je savais qu'elles etaient méchantes mais pas à ce point et j'ai du etre témoin de se massacre,les autorités ont abusé,  n'ont pas fait leur travail,le Procureur a<br /> noté qu'elles avaient eu une attitude" bizarre".Tout cela fait très peur .Quelle République!?Quelle valeur!?Merci pour vos explications et vos soutients.Si mon histoire peux aider ,tant de<br /> malheur aurait peut etre pu etre  évité si j'avais su ce qu'est un pn,comme on dit dans mon bourg "mauvaises avec les autres, mauvaises avec elles meme"  <br />
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S
<br /> Le sujet ici est bien "les parents toxiques" : pas les autres parents.<br />
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B
<br /> Selon votre article, le parent est LA cause de tous les maux de l'enfant. Non, les maux de l'enfant sont imputables à une société moderne entière, en manque de repères et de codes donnant un sens<br /> à la vie. Attention à la catégorisation, il faut primer la nuance lorsque les sujets sont les délicats.<br />
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