Conseils à l’entourage

Publié le 6 Avril 2010

Si vous êtes proche d'une victime d'emprise, voici quelques conseils pour l'aider efficacement. Si vous êtes las de l'incompréhension, des minimisations, des culpabilisations et des maladresses de vos proches, faites-leur lire ce message.

De l'écoute

Les victimes d'emprise ont un énorme besoin de parler. Nous l'avons vu, elles ruminent, ressassent, butent sur des détails, tournent en rond dans le problème dans lequel elles se sentent piégées. Ne cherchez pas à rationaliser et ne donnez pas de conseils. Laissez sortir le flot de paroles et accueillez-le avec beaucoup d'empathie. Quelques mots d'accompagnement suffisent. "C'est dur ce que tu vis", "tiens bon je suis là", "tu vas t'en sortir".

Rassurer et protéger

Faites en sorte que la victime sache qu'elle peut compter sur vous. Rappelez-lui que si les choses tournent mal, elle peut venir se réfugier chez vous. Dites-lui bien que tous les problèmes d'organisation ont une solution pour qu'elle ne se laisse pas arrêter par de menus détails, comme le fait que vous n'avez pas de chambre d'ami ou elle de voiture. Etant extérieur au problème, à moins qu'elle ne vous cache la violence ou l'alcoolisme de son tourmenteur, vous avez peut-être plus de discernement pour déceler le niveau objectif de danger qu'elle court. Il sera peut-être bienvenu de votre part d'être énergique et directif, de l'inciter fermement à partir ou à porter plainte.

Pas de jugement de valeur sur la victime

Les victimes sont malades de honte et de culpabilité et déjà chargées de toutes celles que leur prédateur leur fait porter. Ce n'est donc pas le moment d'en rajouter. Plus tard, après la sortie d'emprise, la victime sera à nouveau en état de faire face à ses propres comportements et pourra comprendre de quelle façon elle a participé ou cautionné cette relation d'emprise, mais pour le moment, une culpabilisation supplémentaire aggraverait son état. Alors, au contraire, déresponsabilisez-la le plus que vous pouvez.
Ne prenez jamais le parti du manipulateur. Ne trouvez aucune excuse à ses comportements ; ils sont de toute façon objectivement inacceptables.
Faire un contre-lavage de cerveau en serinant les faits objectifs : on ne peut pas dialoguer avec ce manipulateur. Rien de ce qu'il a pu faire ne peut justifier ces comportements.
La dégradation de la relation est de son fait à lui. Personne n'a le droit de traiter la victime comme il le fait. Et si elle doit le quitter, il l'aura bien cherché !

Pas d'incitation à la modération

L'heure n'est plus la diplomatie. Comme vous le savez maintenant, le manipulateur dit "Pouce !" dès qu'il est en difficulté pour attendrir sa victime, mais continue imperturbablement ses comportements inacceptables. Aucun compromis ne saurait le calmer. Il promettra verbalement mais ne respectera pas ses engagements. Lorsqu'on a affaire à un manipulateur, seule la fermeté paye. Sa mauvaise foi, ses ruses, ses mensonges, sa façon de se défiler devant ses propres promesses rendent tous les accords avec lui plus qu'aléatoires. Alors incitez la victime à être ferme, à entamer une procédure juridique et à se faire aider d'un avocat, dès que le contexte s'y prête.

Par peur de la confrontation, mais aussi par peur de passer pour les viles et intérésses (auprès de quel escroc !), les victimes auraient tendance à ne pas faire respecter leurs droits légaux et à se faire magistralement plumer : pensions alimentaires, partage équitable des biens, prime de licenciement, remboursement de fonds engagés ou dédommagement d'un manque à gagner... C'est un juriste qui pourra le mieux définir les chances d'aboutir de sa demande en justice. Insistez pour que la victime se renseigne au mieux et qu'elle fonce si la loi peut lui apporter de l'aide.

Voici une phrase clé à seriner sans relâche à une victime trop conciliante et prête à lâcher sur tout ce qui lui serait justement dû : "Fais en sorte que la loi se pose, ni plus, ni moins".


Tiré de "Echapper aux manipulateurs, de Christel Petitcollin

Rédigé par Kilou

Publié dans #En sortir

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