Pervers narcissiques : "La meilleure protection, c'est la fuite"

Publié le 8 Avril 2012

Anne Crignon
Par Anne Crignon

Comment reconnaître un pervers ? Réponse avec Geneviève Reichert-Pagnard,  psychiatre et  spécialiste de la  manipulation, auteur d’un roman, "Crimes impunis" (Prime Fluo Editions) qu’elle a écrit pour permettre "de mieux comprendre pourquoi la victime s’enlise dans un mécanisme fatal sans même s’en rendre compte et jusqu’où cela peut l’entraîner". 

 

 

Les pervers narcissiques sévissent partout : au travail, en famille, en couple. (Catherine Meurisse/Le nouvel Observateur)

Les pervers narcissiques sévissent partout : au travail, en famille, en couple. (Catherine Meurisse/Le nouvel Observateur)

 

Comment distinguer une personnalité perverse d’un  "simple" caractériel ?

- Le "simple caractériel" au sens populaire du terme, explose de temps à autre, mais le reste du temps il a un comportement normal et empathique. En revanche, les manipulateurs destructeurs abreuvent leurs victimes de propos dévalorisants, de reproches en tout genre, voire d’insultes. Ils se montrent constamment insatisfaits, égocentriques, refusent de se remettre en question et cherchent à isoler leurs victimes, ce qui est un comportement pathologique.

Nous sommes tous capable de manipulation et de dissimulation. C’est même nécessaire à la vie en société. A partir de quel moment cela devient-il pathologique ? 

- Il existe différentes façons de manipuler les autres, par exemple pour séduire, dans un but constructif. La manipulation destructrice, en revanche, vise à détruire systématiquement les autres, notamment en mettant à mal leurs points de repères, leurs convictions, morales, politiques ou religieuses, pour mieux les fragiliser et asseoir l’emprise. Cela relève d’un comportement pathologique. Les manipulateurs destructeurs sèment des "cadavres psychologiques" derrière eux, tout au long de leur vie. Ils peuvent pousser leurs victimes au suicide. Les plus dangereux peuvent même aller jusqu’au meurtre physique, y compris de toute une famille.


Vous récusez le terme de "pervers narcissique". Or dans vos livres, sous le nom de "manipulateurs destructeurs", vous décrivez la même chose. En quoi la terminologie du psychanalyste Paul-Claude Racamier, descripteur-pionnier de ce mal,  serait inappropriée ?

Geneviève Reichert-Pagnart, psychiatre, est l’auteur d’un ouvrage grand public remarquable sur la manipulation : "Les relations toxiques" (Idéo), très pointu sur les effets du parent pervers sur l’enfant.

- Les manipulateurs destructeurs ont effectivement les traits de personnalité pervers narcissiques : l’existence de l’autre est mise au service de la sienne et il se valorise à ses dépens. Mais cela va plus loin car ils présentent également des traits de personnalité paranoïaques, tels que la tyrannie, l’absence de doute et d’autocritique et la jalousie maladive.

Les manipulateurs destructeurs se situent à un carrefour de pathologies appartenant toutes aux psychoses : ils voient le monde à leur façon, fonctionnent dans une logique qui leur est propre et imposent leur système de pensée à leur entourage. Leur apparence extérieure est sauve, car leurs troubles psychotiques sont bien cachés aux regards extérieurs : ils semblent bien insérés socialement.

On appelle ces psychoses des "psychoses blanches" ou "psychoses sans symptômes". C’est ainsi qu’ils peuvent échapper à l’attention de la machine judiciaire et obtenir la résidence des enfants qu’ils vont continuer à détruire pendant des années. Les magistrats n’ont, la plupart du temps, aucunement conscience qu’ils ont à faire à des psychotiques, au même titre que peut l’être un schizophrène pour lequel pourtant, ils prennent des mesures appropriées pour la garde des enfants.

La prédation morale est-t-elle vraiment en recrudescence ? Hugo ne parle pas d’autre chose quand il décrit dans "Les Misérables" la difformité morale et "l’âme écrevisse" des Thénardier. Est-ce que ce mal, qu’on commence à bien identifier, certes, n’a pas toujours existé ?

- La manipulation destructrice est probablement née avec l’Homme et on retrouve déjà à l’Âge de pierre des exemples de comportements relevant de ce processus : le besoin de pouvoir et de richesses, l’utilisation des autres qu’on monte et clive les uns contre les autres sous des prétextes divers pour mieux assouvir de funestes desseins. Mais il semble que l’environnement social se détériore depuis le XXe siècle, avec un certain laxisme dans l’éducation des enfants contribuant à faire d’eux des "enfants-rois", ce processus tendrait à se développer, avec toute la violence qui l’accompagne, notamment en milieu scolaire.

Comment se protéger face à un pervers ou une perverse ?  

- La meilleure protection face à ces personnages toxiques est la fuite. Mais à plus long terme, la prévention s’impose. Seule une connaissance élargie du mode de fonctionnement pervers permettra d’aider les enfants qui sont victimes d’un parent de ce type, d’éviter qu’ils ne deviennent eux-mêmes de tels prédateurs ou de futures victimes de manipulateurs destructeurs.

Seule cette connaissance peut aider les hommes et les femmes actuellement aux prises avec ce genre de personnages dans le cadre conjugal à les identifier et à s’en préserver. Face à ce genre d’individus, en attendant la séparation, il faut impérativement constituer son dossier de procédure. La victime devra alors éviter toute discussion houleuse. Qu’elle ne laisse pas prise aux critiques, qu’elle se montre neutre. Mais cette attitude de composition ne peut durer qu’un temps assez court et ne préserve pas nécessairement du risque d’un éclat de violence. 

 

Rédigé par Kilou

Publié dans #En sortir

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S
<br /> J'ai 40 ans depuis peu et cela fait 19 ans que je suis traquée comme une bête par un type qui a des liens dans la police et qui maintenant est dans la politique ( conseiller local) à l'époque<br /> j'étais étudiante à l'université PARIS 13-Villetaneuse.Il s'est manifesté comme étant désireux de faire ma connaissance, je ne me suis pas méfiée mais j'étais pas franchement enthousiasmée;Il<br /> s'est d'abord infiltré dans le petit groupe de personnes que je fréquentais c'est la qu'il a commencé à faire le vide. Ce petit groupe "d' amis" a commencé par me faire des remarques sur ma façon<br /> d'être sur ma vénalité, ma sexualité supposée, des insinuations sur le fait qu'apparament j'avais l'air d'être quelqu'un de bien mais que " chasser le naturel il revient au galop "; J' ai assez<br /> vite compris que cela ne venait pas d'eux directement mais de ce type et que je ne répondais pas suffisament assez à ses attentes .C'est là que j'ai compris qu'il y avait quelque chose qui<br /> clôchait, ce type n'admettait pas que je ne lui courre pas après que je ne sois pas à ses pieds. De fil en aiguille il s'est infiltré dans ma famille, il n'a eu aucun mal, je suis issue d'une<br /> famille type cas social. Mes frères sont mes demi-frères et mon père s'est tiré peu de temps après ma naissance, ma mère est une malade de l'authorité mais cela hélas pour moi j'en ai pris<br /> conscience que trop tard . J'ai d'abord porté plainte au commissariat, le policier a refusé ma plainte et ma dit que je pouvais faire qu'une main courante. Non seulement il n'y a eu aucune suite<br /> malgré un courrier adressé au maire de l'époque mais pour moi les choses ont empiré. J'avais le droit à un harcèlement constant 24 heures sur 24, le jour quand j'allais à la fac j'étais devenue<br /> la bête noire de mes "chers camarades de classe" cela allais de l'insulte au coup de poing dans le visage en plein cours . Je tiens a souligner la totale complicité de gens que je connaissais à<br /> peine dans ce jeu de massacre sans aucun doute ma situation de bonne élève a suscité de la jalousie. J'ai fini par partir loin chez une tante (soeur de mon père) ça allais mieux jusqu'à ce<br /> qu'elle comprenne que je ne l'aidrais pas à récupérer mon père, lequel étant fâché avec elle . J'ai alors commis une autre bêtise, je suis retournée chez ma mère, faut dire que je n'avais ni<br /> argent, ni endroit où aller. Le harcèlement  a repris de plus belle de la part de de ma très chère famille et d'étrangers, j'ai fini par attérir dans un asile psychiatrique, internement<br /> demandé par ma mère. J ai cherché vainement du travail stable peine perdue .... Vous remarquerez que ne ne cite que rarement les agissements directs de ce type c'est normal il agit dans mon dos<br /> et la dénonciation des ces faits m'a valu 5 séjours en asile et un total isolement. Cependant j'ai décidé de ne jamais accepté de me "laisser baiser"  par ce type dixit un inconnu, je le<br /> paye cher et maintenant je sais ce qu'il me reste à faire.<br /> Je voulais juste laissé un témoignage. .     <br />
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