"Dénonçons la violence qui se cache", entretien avec Françoise Brié, Vice-présidente de la FNSF

Publié le 28 Novembre 2011

"Dénonçons la violence qui se cache", entretien avec Françoise Brié, Vice-présidente de la FNSF
25/11/2011

Depuis son lancement en 2009, la Fondation PPR s'engage aux côtés de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) contre les violences conjugales en France. A l'occasion de la Journée Internationale pour l'Elimination des Violences faites aux Femmes, la nouvelle campagne de la FNSF est relayée dans plusieurs sites du groupe PPR. Voici les commentaires de Françoise Brié, Vice-Présidente :

Image de la campagne sur les auteurs de violence conjugales de la FNSF Zoom Image de la campagne sur les auteurs de violence conjugales de la FNSF 

 

  • Pourquoi avoir centré la campagne sur les auteurs des violences ?

Dans les situations de violences conjugales, il est important de renverser la culpabilité et la responsabilité des actes de violences ou de sortir de la co-responsabilité qui est souvent mise en avant pour expliquer les violences faites aux femmes. Dénoncer les violences, c’est aussi ne pas donner d’excuses à l’agresseur et donc croire en la parole des femmes, les soutenir. Très souvent ce sont les femmes qui doivent quitter le domicile avec leurs enfants et se retrouvent dans un parcours compliqué à la recherche d’un hébergement ou d’un logement, ou chez leurs proches. L’ensemble des professionnel-le-s (services de police, de justice, associations, bailleurs, entreprises avec le 1% patronal) doivent trouver les articulations pour permettre à la femme de rester au domicile, ce qui peut passer par l’éviction du conjoint violent ou l’attribution du domicile en cas de divorce.  

  • Y a-t- il un profil-type de l’auteur de violence ?

Souvent les femmes indiquent aux professionnelles des associations spécialisées de notre réseau, qu’il a été compliqué de parler parce que à l’extérieur leur conjoint montre un visage affable, aimable. Hormis quelques personnes présentant des pathologies, il n’y a pas de profil type d’auteurs mais bien une stratégie qui vise la destruction de l’autre, le contrôle et la domination au sein du couple. Tous les âges et toutes les catégories socio- économiques sont représentées. Il existe aussi des facteurs aggravants que l’on retrouve dans certaines situations : l’alcoolisme qui favorise le passage à l’acte, les violences dans l’enfance ou l’adolescence. D’où l’importance de s’intéresser aussi aux enfants victimes directes ou témoins de ces violences. Les auteurs oublient souvent que leurs enfants entendent tout, voient tout.

  • Quel public souhaitez-vous toucher principalement ?

Cette campagne s’adresse au public en général, aux proches,  aux femmes et aux auteurs. Les femmes vivent souvent des années de violence avant de parler, plus elles attendent de parler plus les conséquences peuvent être dramatiques. Sortir de la violence au plus tôt évite la précarisation, les troubles sur le plan de leur santé… Si les auteurs sont de tous les milieux, cela montre aussi qu’il existe encore des personnes qui considèrent que leur femme n’a pas les mêmes droits qu’eux à l’autonomie, la liberté, l’égalité.

  • Quels sont les principaux obstacles à la communication sur les violences conjugales ?

Les campagnes de communication sont souvent reprises dans les médias, la tolérance baisse. Il reste que les outils permettant de mieux connaitre le numéro d’écoute national géré par la FNSF, et les associations de proximité auxquelles les femmes peuvent s’adresser doivent être diffusés de façon régulière. L’affichage dans tout lieu adapté est important, cela montre aussi que des personnes peuvent être à l’écoute.

  • Comment agit la Fédération Nationale Solidarité Femmes au quotidien ?

Le réseau Solidarité Femmes héberge plus de 5000 femmes et enfants dans 41 centres d’hébergement chaque année. Il accompagne dans ses lieux d’accueil et d’écoute plus de 30 0000 femmes dans leurs démarches, dans un soutien pour qu’elles puissent s’éloigner du conjoint violent ou se protéger de l’ex- compagnon par exemple. Un accueil de proximité est essentiel, les démarches sont souvent complexes face à un auteur qui peut utiliser tous les moyens possibles. Les femmes, si elles restent seules, auront beaucoup plus de difficultés à réaliser toutes les étapes nécessaires à la sortie de la violence.

DECOUVREZ LES 3 TROIS VISUELS DE LA CAMPAGNE

Rédigé par Kilou

Publié dans #Violence conjugale

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